Sincérité ou hypocrisie ?
Etes-vous de bonne humeur aujourd'hui ? Si l'on vous pose la question en début de matinée, alors que vous avez bien dormi, que vous êtes bien reposé, que vous vous sentez en bonne forme physique, que dans vos perspectives de la journée vous avez des projets intéressants qui vous tiennent à coeur, des rendez-vous prometteurs, bref, que vous attendez beaucoup des heures à venir et ce avec confiance, il est fort probable que vous répondiez « oh, oui, je suis d'excellente humeur ! ».
Maintenant si la même question vous était posée le soir après une journée remplie de déconvenues, par exemple une journée durant laquelle vous avez essuyé moult contrariétés fâcheuses, ou bien les personnes que vous avez rencontrées vous ont déçu, certaines vous ont accablé de reproches en tout genre, vous avez cassé, déchiré, sali, perdu, raté quelque chose, vous êtes arrivé en retard, vous ne vous êtes pas montré à la hauteur de ce qu'on attendait de vous, ou de ce que vous pensiez être capable de faire, bref, une de ces journées où rien ne vous réussit et dont vous diriez volontiers « Ah, c'est pas le jour, on aurait mieux fait de ne pas se lever ! », alors là, il est quasiment certain que vous répondiez par la négative, voire sur un ton passablement agacé qui traduirait une colère contenue.
Et nous ne parlons ici que d'une journée. Nous avons omis volontairement le contexte de la semaine, du mois, de l'année, ou de la période claire ou sombre dans laquelle vous évoluez tant bien que mal.
Pour ce qui est du relationnel, il est évident qu'on apprécie être en compagnie de quelqu'un qui est de bonne humeur. Il rayonne. Son enthousiasme est contagieux. Il aborde chaque chose avec entrain, avec confiance. A son contact, on sourit spontanément, on est content pour lui alors qu'il n'y a aucune raison apparente. Il fait plaisir à voir.
Qu'en est-il à présent de celui qui est de mauvaise humeur, ou d'humeur maussade ? Si telle n'est pas son habitude, on reconnaîtra immédiatement qu'il n'est pas dans son état normal. Après plusieurs essais infructueux pour lui apporter un soutien quelconque, on ne tarde pas à tourner les talons le laissant dans son entêtement mais attendant un moment plus propice où il se montrera plus disposé. On évite ainsi qu'il en vienne à nous gâcher la journée insidieusement.
Plaçons-nous maintenant dans le rôle de celui dont on se demande s'il sera ou non une bonne compagnie, de par l'humeur qu'il affiche. Si nous allons bien, la question ne se pose pas. Mais dans le cas contraire, qu'allons-nous choisir – si tant est que l'on puisse choisir – de présenter comme apparence ? Pour certains, la sincérité prime avant tout. Si l'on ne va pas bien, on se doit d'être honnête envers les autres et envers soi-même. Faire comme si de rien n'était reviendrait à jouer les hypocrites et la conscience finirait par titiller. Si la personne en face est sincèrement intéressée elle s'en apercevra et agira en conséquence, en ayant des égards pour nous par exemple. Sinon, c'est qu'elle n'est qu'une relation parmi tant d'autres et non une amie véritable qui se soucie de nous.
Pour d'autres, c'est une question de politesse, d'éducation. On n'a pas à faire « payer » aux autres notre état morose, ils n'y sont pour rien. Ne pas afficher notre désarroi n'est pas de l'hypocrisie mais de la considération, de l'égard pour autrui, du respect. C'est ainsi qu'ils s'efforcent de laisser à la maison leur mauvaise mine et de paraître agréables. Personne n'a rien vu. D'ailleurs, ça ne les regarde pas.
Avant de nous offrir votre avis, je vous invite à découvrir et à lire, avec l'accord de l'auteur, ce blog intéressant avec l'article « La bonne humeur est-elle une forme de politesse ? »
Après avoir lu ce texte, je pense que si je ne donne pas mon avis vous serez plus d'un à me le demander. Alors voilà, je pense que les deux arguments tiennent la route. Réponse de Normands allez-vous me dire. Je ne veux pas jouer les conciliateurs qui s'éviteraient de s'attirer les foudres des uns ou des autres, ce n'est pas mon genre. Je dis toujours ce que je pense, sauf lorsqu'une vérité n'est pas bonne à dire suivant les circonstances.
En fait, je crois qu'il est difficile de généraliser. Tout dépend des personnes que l'on a en face, de la gravité de notre problème, de notre sensibilité du moment, de notre maturité et du contexte ambiant. Parfois le souci sera si fort qu'il nous affectera en profondeur et qu'il sera très difficile de le dissimuler. Malgré nos efforts, il transparaîtra d'une façon ou d'une autre. On ne sera pas comme d'habitude. Ceux qui nous connaissent bien le remarqueront et les amis s'en inquièteront avec tact. Ils apprécieront notre maîtrise pour ne rien laisser paraître et ne pas les gêner, mais se sentiront poussés à nous offrir un quelconque soulagement, par amitié, par empathie. Pour ceux qui n'auront vu que du feu, ils n'en mesureront que davantage notre grandeur d'âme lorsqu'ils sauront par la suite, si tant est qu'ils finissent par l'apprendre, que tout n'allait pas si bien qu'il n'y paraissait.
Charly...